lundi 30 novembre 2015

Vespa Velutina Nigrithorax, présence confirmée sur le territoire de Tancarville

Cet automne j'ai constaté pour la première fois quelques attaques du redouté Frelon Asiatique. J'avoue que je trouvais confortable l'idée de ne pas avoir rencontré jusqu'à ce jour ce nouveau voisin. Mais voilà preuve est faite de sa présence sur notre territoire et donc de sa pression sur l'entomofaune de notre écosystème.

Il se trouve sur le départ de l'A13 en direction du Havre, 150 m après le nouveau rond-point.

 Constat effectué tardivement dans le cycle biologique de ce prédateur qui s'est retrouvé parachuté (tout comme son acolyte Varroa Destructor) depuis quelques années en Europe loin de son bassin de vie qu'est l'Asie du Sud-est. Merci la mondialisation. 



Equilibre/déséquilibre, un état permanent des éco-systèmes qui trouvera surement à une échelle autre que celle de l'homme des réponses, la nature trouve toujours son chemin. 

 Pour l'heure, c'est pleine de questions que je vais aborder la prochaine saison apicole. Observations constantes , remises en question et échanges avec d'autres apiculteurs ou naturalistes m'aideront à comprendre comment accompagner ou non mes abeilles. 

Actuellement pas grand chose d'autre à faire si ce n'est prévenir ma mairie et envoyer la fiche de signalement à l'INPN (Inventaire National du Patrimoine Naturel).
 https://inpn.mnhn.fr/fichesEspece/Vespa_velutina_fichiers/Fiche_signalement_Vespa.pdf


samedi 28 novembre 2015

une chaumière pour mes abeilles

Biodiversité Normande :
Le roseau commun (Phragmites australis) est une grande graminée répandue au bord des fleuves, des rivières, des lacs  et des étangs dans toute l’Europe et une grande partie du monde.  Le roseau est l’espèce qui constitue majoritairement  la roselière de l’estuaire de la Seine, deuxième plus grande roselière française après celle de la Camargue.
Le roseau se plait dans les sols humides et vaseux où il peut créer des formations denses et étendues, les roselières, en association avec d’autres plantes comme la massette, le jonc ou le scirpe lacustre. Ces formations ont un pouvoir filtrant important et fonctionnent à la façon d’une station d’épuration naturelle. Milieu d’une grande richesse, la roselière permet à de nombreux animaux, et notamment des oiseaux, de s’abriter, de se nourrir et de se reproduire.  Le butor étoilé, le phragmite des joncs, la rousserolle effarvatte ou le gorge-bleue à miroir sont quelques-uns des oiseaux qui lui sont inféodés.
Les roseaux communs ont longtemps été exploités en vannerie ou pour fabriquer des balais, d’où leur nom de roseaux à balais. En Baie de Seine, où les roseaux occupent encore près de 1.300 ha, ils ont longtemps fourni la matière première pour la couverture des toits de chaume. Aujourd’hui, seuls quelques coupeurs de roseaux perpétuent la tradition.
source : http://m.seineenpartage.fr

Dans ma quête du bien-être de l'abeille je m'intéresse de plus en plus aux savoir-faire traditionnels oubliés. Je recherche les récits anciens, vielles gravures et autres traces d'un passé antérieur à l'agriculture intensive. J'ai commencé l'acquisition et la lecture de certains documents qui seront supports à de prochaines expérimentations. Pour l'heure, je découvre avec engouement la manipulation des roseaux sauvages très abondants sur les rives de Seine où mes abeilles et moi résidons.
Voici donc ma première chaumière à abeilles, librement inspirée par de multiples sources. Un départ assez traditionnel avec un socle en douglas de 30x30 cm en côtes intérieures. Dimensions identiques aux Warré pour de multiples usages notamment l'enruchement lors d'un essaimage artificiel.
Intérieur grand luxe (environ 40 litres) avec croisillons en noisetier. Le tout légèrement ciré avec la cire de mon rucher exempt de tout acaricide ou autre biocide. Après enruchement les dernières baguettes seront par le haut recouvertes d'une toile cirée  et d'un morceau de contreplaqué qui fera également office de chasse-abeille si besoin. La calotte servira ou non à la récolte dans le cadre de l'accompagnement d'une miellée. L'hiver je pense la laisser sur la ruche et la garnirai d'un isolant naturel. Cette ruche intégrera un futur petit rucher abrité que je construirai peut-être en tourets de récupération.
Les trous et autres interstices sont bouchés à la cire. Peut-être aurais-je besoin de couvrir la ruche avec du pourget (enduit en argile, bouse de vache, cendres, petit-lait...) mes prochaines observations y répondront.

mardi 10 novembre 2015

du nouveau pour nos abeilles

Je connais depuis quelques années la vannerie sauvage pour avoir photographié à plusieurs reprises les stages organisés par mes amis du Studio D. Je les ai vu s'épanouir à faire naître de leur mains de très beaux paniers en respectant le rythme de la nature. Pertinente, la vannerie sauvage, se pratique durant l'automne et l'hiver alors que les plantes de notre environnement proche sont dites hors-sève. Juste timing avec un quotidien plus lent. Vient alors le moment des veillées et la joie de concevoir et réaliser de nouveaux outils . La vannerie rustique, savoir-faire oublié, revient au goût du jour, fière de tenir tête à ce monde consumériste où l'immédiateté est reine. Elle comme d'autres gestes traditionnels nous fait nous repositionner sur nos besoins réels. 
C'est précisément ces questions et mon intérêt toujours grandissant pour le bien-être des abeilles qui m'ont amené à pratiquer cette nouvelle activité. 



 En photographies, mon premier cueille-essaim en vannerie spiralée. Il est entièrement  composé de plantes de mon jardin et du marais à proximité. Roseaux pour la matière principale, les liens sont en ronce et en clématite sauvage, le croisillon en noisetier et en buis.
Certes il a fallut un peu de temps pour la réalisation : autour de 2 à 3 jours mais cette première expérience est riche d'enseignement et de plaisir. Plaisir à se connecter à la nature, à apprendre des matériaux vivants dont l'ingéniosité n'ont pas fini de me fasciner. La ronce était déjà une de mes grandes amies pour l'intérêt quelle présente dans le cycle de la forêt (c'est une nurserie qui protège les jeunes pousses d'arbres pionniers notamment), manne de nourriture pour l'abeille, les oiseaux, beaucoup d'autres insectes et les hommes...Aujourd'hui, elle est une alliée précieuse dans la réalisation de mes paniers à abeilles car ses lianes sont d'une résistance insoupçonnée (jeune pousse verte à brun foncé ou tige ligneuse pentagonale offrent une infinité de possibilité). La clématite est facile à travailler et abondante... Réaliser un outil de ses mains, sans un sou juste avec ce cadeau qu'est la nature, c'est l'aimer encore un peu plus en mesurant son extraordinaire intelligence. Les roseaux sont aussi très abondants, maintenus en boudins de 3 cm, ils deviennent une barrière aux vents et un isolant efficace.



 Ici un futur Bournat , une ruche traditionnelle des Cévennes ou du Limousin. Savoir-faire oublié, elle associe châtaigner et seigle, ici une proposition locale : douglas et joncs du marais. Les liens sont réalisés à partir de ronce et osier du jardin. A venir les photos de la finalisation du projet. Cette ruche se joindra à d'autres abris naturels dans le cadre d'un petit rucher biodiversité.



Novembre 1923, Rudolph Stiener interrogeait notre rapport à la nature

" Les abeilles sont sous le signe de forces naturelles d’une extraordinaire importance et vraiment admirables. C’est pourquoi on éprouve une certaine appréhension à intervenir avec ses grosses mains dans le jeu des forces naturelles. Aujourd’hui encore, il s’avère en effet toujours que là où
l’homme intervient ainsi dans les forces de la nature, loin d’améliorer les choses, il les aggrave. Mais il ne les aggrave pas tout de suite, il est bien vrai que la nature se heurte à des obstacles ; malgré ces obstacles, elle agit du mieux qu’elle peut. Certains de ces obstacles, l’homme peut les écarter et par là apporter à la nature bien des allégements".
Ces quelques phrases de Rudolph Stiener prononcées  en novembre 1923 dans le cadre de ses conférences : Abeilles, Fourmis et Guêpes nous mettait, il y a déjà un siècle, en garde contre  les interventions répétées d'une apiculture qui comme sa grande sœur l'agriculture tendait à s'intensifier. Aujourd'hui un contre-courant teinté de naturalisme, où préservation et observation se mêlent, où savoir-faire traditionnel et prise en compte de problématiques actuelles s'équilibrent, voit le jour.

On parle du déclin des abeilles, on en cherche les causes aussi multiples soient-elles. Toutefois l’acteur principal du scénario catastrophe est bien l'Homme. Comble d'espoir il est d’ôté d'un super pouvoir, celui de changer, prendre du recul, s’interroger sur ses pratiques et incarner durablement la personne qu'il a envie d'être. Quel Homme ? Quel apiculteur nous souhaitons devenir est fondamental dans l'approche de sa pratique, ceci déterminera vos choix : agir ou non en conscience.

Dans les stages nous accueillons des personnes aux profils très différents mais avec un dénominateur commun : le bien-être des abeilles. Permaculteurs altermondialistes, retraités, jeunes couples qui abandonnent leur vie urbaine, écolo-bricolo, maman qui veut élever ses enfants dans un monde meilleur, jeune cadre dynamique qui veut se laver la tête de son quotidien consumériste, amoureux du vivant sauvage, vous peut-être...Tous désirez être acteur du changement et vous reconnectez avec la nature en inversant l'écrasante machine qui fait de nous le terroriste de notre propre avenir. 
Si comme le tri des déchets, éteindre la lumière ou rejoindre une association verte, accueillir des abeilles, était un geste vers un mieux vivre ensemble (comprenez la chaine du vivant) ? Comme le colibri fait sa part, il appartient à tous de se rendre service en restaurant la biodiversité. 
Quel bonheur d'accueillir des abeilles au jardin, de voir nos butineuses s'éclater dans les fleurs des vergers et d'enfin pouvoir les suivre pour qu'elles nous enseignent la nature. Quel plaisir de partager cela en famille, de voir petits et grands s’émerveiller devant l'intelligence de la colonie. Toujours dans les stages, certaines personnes (parfois avec pudeur) déclarent ne pas aimer le miel. Et rajoutent " moi je veux juste des abeilles dans ma vie". En effet on peut tout à fait distinguer petit élevage et accueil en nichoir libre : ruche de biodiversité ou  abri respectueux des besoins de l'abeille Apis Mellifera. En ce qui me concerne je trouve les deux approches incroyablement complémentaires, les ruches de biodiversité m'offriront des essaims naturellement sains qui peupleront mes ruches ou d'autres gîtes exempts d'intervention humaine.


Sur cette photo je propose de recycler un vieux tonneau à la retraite pour accueillir une colonie. Le volume est autour d'une quarantaine de litres, ce qui s'avère suffisant pour l'établissement de la colonie et ses besoins  en stockage de miel mais aussi intéressant car prompt à l'essaimage des colonies dynamiques. Pour l'isolation et pour l’accueil cette fois d'abeilles solitaires j'ai glané au jardin mes tiges creuses de diamètres différents : rose trémière, eupatoire, berce, roseaux, sureau, ronce....

Nos abris n'attendent plus que de nouvelles amies

Voici un aperçu des dernières constructions Apis Natura où viendront nicher de nouveaux peuples d'abeilles


ruchette horizontale Top Bar Hive : lame de parquet douglas, toit fait d'une tôle de récup. + porte d'un ancien meuble récupéré en déchetterie + vitre




Ruche horizontale Top Bar Hive : intérieur d'un ancien meuble en chêne non traité, barre en douglas 36x27 mm, plancher grillagé avec lame d'air d'1 cm. à expérimenter...


Warré vitrée 3 éléments : sur pied en bois de récup. Petite originalité le plafond propose une série de baguettes rondes écartées approximativement de 6 mm. à tester...

ruche Warré octogonale vitrée réalisée en chute de bois Douglas

Ruche Warré horizontale en douglas avec partitions + trois entrées potentielles

Ruches Warré traditionnelle vitrées avec plancher aéré intégral
Top Bar Hive en douglas, vitrée des deux côtés sans plancher aéré. Expérimentation du maintien de la chaleur dans l'aide au besoin de température du couvain et dans la lutte contre le varroa. à tester...

mardi 3 novembre 2015

Depuis quand utilise-t-on des paniers pour loger des abeilles ? extrait des ruches de biodiversité


Depuis quand utilise-t-on des paniers pour loger des abeilles ?

Quelles traces en a-t-on retrouvées ? Et cette histoire commune entre vannier et apiculteur, touche-t-elle vraiment à sa fin ? Voilà quelques-unes des interrogations légitimes de ce dossier, auxquelles nous allons tenter d’apporter des réponses !
On l’a oublié, mais les apiculteurs ont longtemps été des vanniers ! Peut-être que l’aventure commune débuta à la suite d’un concours de circonstance. Un grand moteur de nos découvertes primitives, le concours de circonstance !
Qu’un essaim en vadrouille soit venu se loger dans une corbeille retournée dans ou à proximité d’un campement pré-historique est un scénario tout à fait réaliste. L’apiculture est peut-être antérieure à sa grande sœur l’agriculture… Allez savoir ?
Un petit retour en arrière s’impose. L’habitat originel de l’abeille, celui choisi spontanément par la colonie pourra être une anfractuosité de rocher ou un arbre creux. On ne parle pas encore de ruche, et pour cause, l’objet est pure invention humaine. Invention dont on ne connaît pas l’origine. On trouve des gravures rupestres qui pourraient représenter des abeilles. À peine plus récemment, les formes stylisées des fresques égyptiennes sont sans équivoque ; mais point de ruche gravées sur ces livres de pierre !
Grecs et Romains en revanche connaissent et utilisent la ruche, leurs auteurs en parlent en des termes non ambigus : « Quant aux ruches elles-mêmes, que tu les aies faites en raboutant des écorces creuses ou en tissant des brins d’osier flexibles, donne leur de petites ouvertures », écrit le poète Virgile dans ses Géorgiques quelques années avant notre ère*. Rappelons qu’à l’époque et pour longtemps encore, le miel restera la seule source de sucre. Il fut pour les gastronomes Romains un ingrédient irremplaçable de leur cuisine si riche en mélange de saveurs. Les usages domestiques et multiples de la cire étaient eux aussi connus.
Ce n’est donc pas un hasard si la première ruche authentique dont on a retrouvé la trace est romaine. Magali-Cullin-Mingaud en cite deux modèles : l’un en latte de bois et osier, l’autre en paille et ronce. Toutes deux ont été reproduites par Guy Barbier, elles sont en tout point semblables à celles utilisées encore couramment au milieu du XXe siècle !
Une idée reçue voudrait que les plus antiques des ruches soient des troncs creux…
Ce fût sans doute opportunément le cas, ce ne fut probablement pas le cas général.
La raison en est simple : débiter un arbre, même déjà creux, en tronçons de 50 cm à 60 cm de haut  et d’un volume de 30 l à 50 l demande une technologie complexe… Alors que réaliser une corbeille spiralée cousue en dôme se fait sans autre outil qu’un couteau en silex et un poinçon en os ! La maîtrise de cette technique est d’ailleurs attestée plusieurs milliers d’années avant Jésus-Christ. À la réflexion, ce n’est pas un hasard si nos aïeux ont su réaliser des huttes en pailles et en bois tressé longtemps avant de construire des maisons charpentées ! L’outillage utilisé reste un facteur déterminant des techniques explorées par les anciens ! En revanche, que des cylindres naturels creux ou des assemblages d’écorces, par exemple de chêne liège, de bouleau ou autres, aient pu servir de ruches est une réalité, mais ce ne fut le cas qu’occasionnellement.
Plus tard, les œuvres picturales des artistes du Moyen âge attestent de leurs usages, en faire l’inventaire constituerait une passionnante étude !
Dans l’Encyclopédie qu’il supervise, Diderot et d’Alembert font l’éloge de la ruche en paille (XVIIIe siècle). En 1861, Henri Hamet dans son Cours pratique d’apiculture qui signe l’avènement de l’apiculture contemporaine, écrit que pour désigner un vaisseau abritant des abeilles, « on donne communément le nom de panier à une ruche ». Le même auteur décrit plusieurs modèles de ruches en paille de seigle et décrit des métiers pour les fabriquer rapidement en série. C’est dire l’importance que revêtent alors ces objets dans l’économie d’alors, c’est aussi la preuve d’une forte demande ! Les mêmes formes, celles en cloche ou en dôme plus ou moins arrondis sont aussi tressées « en petit bois » de saule, en clématite, en viorne, en noisetier, etc. Les unes comme les autres sont dites « ruches fixes », en opposition aux modernes ruches « à cadres mobiles ». Les limites d’utilisation des ruches à cadres fixes sont connues et reconnues : impossibilité de visiter  les colonies, elles ont pendant très longtemps fait l’objet de pratiques critiquables. Pour autant, du fait qu’elles constituent le meilleur des habitats pour l’abeille, ont en encouragea un temps la transformation, inventant la ruche à calotte en vannerie, puis celle dites mixte : en vannerie surmontée d’une hausse en planche. Puis, la rationalisation de la discipline signera l’arrêt de ses innovations et d’une très longue collaboration. Il paraît comme une évidence qu’apiculture et vannerie cheminent depuis longtemps sur des chemins parallèles ; les deux disciplines s’accordent merveilleusement, elles sont faites l’une pour l’autre, il semble opportun de s’en souvenir et d’en perpétuer la pratique, car de toute évidence, cette histoire commune pourrait bien, comme le Phoenix, renaître de ses cendres.

source : Perrine de http://ruchesdebiodiversite.fr
Article consultable sur http://permaforet.blogspot.fr
merci et bravo pour leur travail

ABEILLES ET CHAMPIGNONS
des abeilles et des champignons

"30% de notre alimentation dépend directement de la pollinisation des abeilles, 
et 70% des insectes pollinisateurs en général." 
Paul Stamets.

des abeilles et des champignons - Paul Stamets.
nids de guêpes et d'abeilles
Pendant 40 jours par an, en été, les abeilles se nourrissent de miel de mycélium. Lors de blessures sur les arbres, causées par des ours, des blaireaux, des chevreuils, des rongeurs, ou de débris sur le sol, le bois sécrète une résine. Le mycélium colonise ces entrées pour se développer, notamment les polypores, comme le fomitopsis pinicola.  Le lien entre les ours, les arbres, le mycélium et les abeilles vient juste d'être démontré en 2015 par Paul Stamets et son équipe.

une abeille dégustant du mycélium de Cèpe
http://newmexicomyco.org/content/boletus-eating-bee
Que font les abeilles en été? Bien caché sous des débris de bois, le mycélium se développe à l'abri de la lumière. En écartant les bouts de bois, les abeilles exposent le mycélium aux UVS. Face à ce stress, le mycélium produit des gouttelettes d'enzymes pour se protéger. Les abeilles sucent ce "miel de champignon", le récolte et s'en nourrissent pendant 40 jours.

perles d'enzymes fongiques de shiitake
Cette substance enzymatique mielleuse est riche en P-coumarique. L'acide p-coumarique, l'acide formique et l'acide lactique activent les gènes des voies détoxifiantes, booste les défenses immunitaires dans l'organisme et leur permet de résister aux parasites comme aux acariens par exemple. Cet alimentation saisonnière permet de réveiller les 47 gènes immunitaires chez les abeilles et de produire de la propolis de qualité, riche en p-coumarique justement.

Autres organismes contenant ces constituants: les fourmis (acide formique),
autres végétaux (p-coumarique) : reine des prés, spirée, mélilot officinal, aspérule odorante,
+ analgésique: plantain, plantain lancéolé
+ voir acide jasmin: jasmin
+ acide caféique: gaillet, garance, café
+ millepertuis perforé

mycohoney - miellat fongique, exsudat enzymatique d'un hyphe fongique suite à l'exposition du mycélium aux UVS.
La consommation de ce "mycohoney" par les abeilles:
_ augmente la longévité des ouvrières, et donc de la ruche.
_ active les 47 gènes de détoxination et de défenses immunitaires chez l'abeille.
_ réduit les infections virales chez les abeilles.
_ enrichit le propolis en p-coumarique, qui sert à nourrir les abeilles et aussi à enduire la ruche pour lutter contre les parasites.
_ réduit les attaques d'acariens varroa grâce aux propriétés médicinales du champignon (par exemple chez les polypores amadou, chaga, reishi, gonderma resinaceum, fomitopsis pinicol etc...), en particulier ceux trouvés dans les jeunes forêts.
_ augmente le taux de survie de la ruche d'année en année.
source: extrait de la conférence de Paul Stamets "how mushrooms can save the bees".
mycohoney - miellat fongique, exsudat enzymatique d'un hyphe fongique suite à l'exposition du mycélium aux UVS.
perles d'enzymes fongiques
Sans cette ressource, le système de détoxification et de défenses immunitaire des abeilles restent latents. L'absence de champignons dans les cultures, le défrichage de bois mort en forêt et la chasse des animaux comme les ours, font partie des facteurs qui fragilisent la santé des abeilles face aux toxines et au parasites. Ce phénomène est une des causes de leur extinction massive cumulées avec la pollution des pesticides, le clonage génétique des essaims et leur surexploitation.
fomitopsis pinicola
Une initiative à développer: la culture de champignons médicinaux près des ruchers et le label bee friendly.

Au verger expérimental, j'avais remarqué le lien entre pruniers, le polypore robuste - phélinus robustsus, les guêpes et les frelons. Plusieurs frelons ont creusé des galleries dans les branches sénescentes des pruniers, celles-là même colonisée par le mycélium du polypore. La branche a cassé avec le vent cet hiver, je devrais l'ouvrir en deux pour voir à quelle faim le frelon l'utilise - nourriture médicinale? matériau de construction? larve?







une abeille dégustant une prune
J'ai également vu l'attirance de guêpes pour la résine sécrétée par les pruniers quand on les a taillés, dont certaines sont restées engluées dans la résine.

Les abeilles récoltent au printemps des résines végétales sur les peupliers, les bouleaux, les frênes, les saules et les sapins pour fabriquer la propolis.

Les abeilles et les guêpes mangent aussi les fruits sucrées. Elles récoltent aussi de la peptide sur la cire des prunes, les mirabelles et les pommes par exemple, qui active les fonctions immunitaires. Les pesticides détruisent cette cire naturelle.
une guêpe et une pomme.
Et les petites exsudats de gomme sur les fruits... à observer de plus près cette année.

lundi 2 novembre 2015

Abeilles et Merisiers ? par Permaforêt

Article très intéressant proposé par le blog de Permaforet

source : http://permaforet.blogspot.fr/2013/05/apiculture-en-warre.html
 J'observe les ruches sauvages en forêt et étudie le comportement des abeilles ainsi que leur biotope. Je réfléchis à un nouveau design de ruche apicentré et un milieu permacole. Avec un collaborateur, nous travaillons spécialement à l'expérimentation d'une mycoruche.

tronc de merisier accueillant
une colonie d'abeilles sauvages
L'essaim d'abeilles sauvages que j'observe se trouve dans un tronc mort de merisier. Une partie de la colonie inspecte un nouveau tronc de merisier potentiel avant l'essaimage cet été.
triangle bleu (ONF)
= arbre gîte protégé
Je remarque en forêt que les abeilles - et les fourmis - choisissent des merisiers pour établir leur colonie, ainsi que des hêtres, des chênes et des bouleaux.
Ces essences ont des propriétés médicinales et des qualités entant que matériau de construction.
repérage d'un autre tronc de merisier avant essaimage.

Le merisier est un bois imputrescible, antiparasItaire et hydrofuge. On observe que de très rares champignons sur le merisier: les lenzites, et seulement quand l'arbre tombe sur le sol. On peut utiliser l'écorce du merisier pour faire des tuiles de toit ou des revêtements muraux. Les merisiers et les cerisiers sont très mellifères au printemps. Ce sont de grands arbres, de 10 à 30 m de haut, qui se repèrent facilement en forêt au printemps. Les bouleaux, les pins et les hêtres ont aussi des composés intéressantes.
Plus j'observe la vie des abeilles sur le terrain, plus le lien entre merisier et abeilles devient éloquent. Ainsi qu'avec les insectes xylophages, les fourmis, les champignons lignicoles, les martres, les blaireaux et les piverts. Non pas comme prédateurs, mais comme hôtes mutualistes dans le cycle de décomposition du merisier, dont une partie de vie est occupée par les abeilles. Leur succession dans le cycle du merisier est tout à fait différent de ce qui se passe dans les ruchers cultivés. 
La gestion de la forêt et l'artificialisation des ruchers cultivés conduit à une prédation, reflétant l'état de famine et de rudesse de l'hiver pour toute la faune. 
Je publierais mes résultats de recherches préliminaires à la fin du cycle annuel. Une partie sera consacrée à des suggestions de préservation/régénération du biotope des abeilles sauvages, une partie concernera l'évolution de l'entretien des forêts vers des pratiques écocentrées, et la mise en réserve d'erreurs telle la fauche, le défrichage, la coupe précoce, le nettoyage du bois mort, et autres pratiques destructrice de biodiversité. Une synthèse qui amènera vers un design écocentré complètement innovant, aussi bien dans le design de la ruche elle-même que dans le milieu, et dans la pratique mêlant apiculture avec d'autres secteurs agricoles et forestiers. Le modèle et le protocole seront expérimentés en 2016 dans la forêt jardin avec publication à la clé.
ruche sauvage dans un tronc, à voir sur le peuple des abeilles
photo d'Eric Tourneret à voir sur www.thehoneygatherers.com
blessure d'écorce de merisier
écorce de hêtre rougie
par fomitopsis pinicola
goudron de hêtre
mycoaccumulé
par le champignon
fomitopsis pinicola
Les propriétés imputrescible et antiparasitaire du merisier proviennent de sa composition: le merisier contient un glucoside cyanogénétique, de l'acide cyanhydrique et benzoïque et d'autres acides organiques. La gomme qui s’exsude du tronc en cas de blessure est comestible, elle est mucilagineuse.
marges orange et rouge du fomitopsis pinicola,
témoin de la présence d'antocyane et de carotène
Les pigments rouges sont dus à des pigments anthocyaniques (composés mono et diglucosides, et rhamnosides) et des caroténoïdes. Les anthocyanes et les carotènes sont parmi les composés les plus antioxydants, que l'on retrouve dans les fruits rouges, les feuilles de vigne ou d'érables, les carottes, les betteraves... Ils ont aussi des propriétés vitaminiques. On retrouve cette composition caractéristique dans les cerises, l'écorce de merisier, la lenzite versicolore, le fomitopsis pinicola.
les champignons contiendraient aussi des composés terpéniques.
Dans les troncs de hêtre, le fomitopsis pinicola mycoaccumule la sève et forme un goudron végétal, aux vertus antiseptiques, vermifuges, astringentes et d'anesthésique local.
laque naturelle.
cambium rougi par les composés antocyaniques et caroténoïdes du fomitpsis pinicola, sur bois de hêtre.

le noir provient du goudron de hêtre.
Il serait intéressant d'utiliser du merisier pour constituer les ruches ou de creuser des ruches sauvages dans des troncs de merisier. Ou d'utiliser de vieux troncs de chêne mangés par les termites, déjà creusé et dont l'écorce et le cambium sont intacts. Ces bois ne sont pas commercialisables en l'état et pourraient donc être valorisés. Pour les ruches, cela permettra d'être résilient: valoriser du bois de coupe non commercialisable, ne pas couper d'arbres sains pour réaliser des ruchers, économiser un temps d'ouvrage énorme.
tronc de merisier creux - ancienne termitière.
tronc de chêne creux - ancienne termitière.
Je m'interroge aussi sur les interactions possibles avec les lenzites, et sur l'éventualité que les abeilles puissent se nourrir du mycélium des lenzites, notamment de la lenzite tricolore, lenzites tricolor, et le tramète bossu, tramates gibbosa, à la pourriture blanche très active.
Lignivores et cellulosivores.
tramates versicolor sur souche de chêne
une cavité dans la terre dans laquelle se développe du mycélium au pied d'un chêne - insectes et mammifères.
cavité et galeries creusé dans le bois de chêne par des fourmis charpentières ou des larves de capricornes
blessure et résine d'épicéas
par sangliers et chevreuil.
le mycélium de champignons lignicoles
comme le fomitpopsis pinicola
va pouvoir s'installer
et améliorer les vertus médicinales
copeaux de bois morts et tronc de hêtre
creusé par des cavités de larves et d'insectes,
fouillées par des mammifères en hiver.
(à côté d'un merisier)
Les merisiers attirent aussi les fourmis, les oiseaux, les ours, les cerfs, les blaireaux, les fouines et les renards. Il me reste à observer les interactions avec la faune compagne. Les fourmis protègent le merisier le temps de son vivant. Elles peuvent aussi en coloniser les troncs morts que l'on retrouvent à son tour colonisé de mycélium à pourriture blanche.
Les blaireaux jouent le même rôle que les ours, en blessant l'arbre, les spores de mycélium colonisent la blessure dans la résine de l'arbre. Le mycélium participe
à augmenter les propriétés médicinales lors de son vivant, puis de décomposer l'arbre lors de sa sénescence.
Les champignons lignicoles comme les amadouviers sur chêne et hêtre par exemple , les fomitpsis pinicola sur les chênes, les hêtres ou les résineux, le polypore du bouleau sur les bouleaux, les lenzites versicolore et les tramètes hirsutes sur les merisiers, font partie des mycéliums que les abeilles peuvent exposer aux UVS pour provoquer les exsudats d'enzymes chez le mycélium et dont peuvent se nourrir les abeilles en été pour activer leur système immunitaire. (voir vidéo de Paul Stamets).
Une grande révolution en mycogardening, c'est d'allier arboriculture, myciculture et apiculture.
mycélium sous l'écorce d'un bouleau en cours de décomposition.